vendredi 2 janvier 2015

6ème conférence inter religieuse et citoyenne


Monsieur Le Maire,
Monseigneur, Mes chers Collègues,
Mesdames et messieurs,


La liberté religieuse, qui est en vigueur ici en France, n’est pas seulement un don précieux du Ciel pour ceux qui ont reçu la grâce de la foi ; elle est un don pour tous, parce  qu’elle est la garantie fondamentale de toute expression de la liberté. Il n’est rien qui nous rappelle, autant que la foi, que, si nous avons un unique Créateur, alors nous sommes frères!

Ainsi la liberté religieuse est un rempart contre les totalitarismes et une contribution  décisive à la fraternité humaine, comme disait le pape Jean-Paul II.

Mais la vraie liberté religieuse a horreur des tentations, en particulier celles de l’intolérance et du sectarisme, et promet à l’inverse un dialogue de nature respectueuse et constructive. En tant que croyants, nous devons être particulièrement vigilants afin que la religiosité et l’éthique que nous pratiquons avec conviction, et dont nous témoignons avec passion, s’exprime toujours par des attitudes dignes du mystère que l'on entend honorer, en refusant avec résolution comme non vraies, non dignes de Dieu ni de l’Homme, toutes formes  qui représentent un usage déformé de la religion. La religion authentique est source de paix et non de violence. Personne ne peut utiliser le nom de Dieu pour commettre des actes de violence. Tuer au nom de Dieu est un grand sacrilège. Discriminer au nom de Dieu est inhumain.

La liberté religieuse n’est pas un droit qui puisse être garanti uniquement par le système législatif en vigueur, lequel est par ailleurs nécessaire : c’est un espace commun, une atmosphère de respect et de collaboration qui est construit avec la participation de tous, même  de ceux qui n’ont aucune conviction religieuse.

Une liberté fondamentale est celle de voir en tout homme et toute femme, même en ceux qui n’appartient pas à sa propre tradition religieuse, non des rivaux, encore moins des ennemis, mais bien des frères et des sœurs. Celui qui est assuré de ses propres convictions n’a pas besoin de s’imposer, d’exercer des pressions sur l’autre ; il sait que la vérité a sa force de rayonnement propre. Nous sommes tous, au fond, des pèlerins sur cette terre, et, au cours de notre voyage, tandis que nous ne vivons pas comme des individus ni comme des groupes nationaux, culturels ou religieux, nous dépendons au contraire les uns des autres, nous sommes confiés aux soins les uns des autres. Chaque tradition religieuse, à l’intérieur d’elle-même, doit réussir à rendre compte de l’existence de l’autre.

Une seconde attitude est l’engagement en faveur du bien commun. Chaque fois que l’adhésion à sa propre tradition religieuse fait germer un service plus convaincu, plus généreux, plus désintéressé par la société tout entière, il y a un exercice authentique, un développement de la liberté religieuse. Celle-ci apparaît alors non seulement comme un espace d’autonomie légitiment revendiquée, mais comme une potentialité qui enrichit la famille humaine par son exercice progressif. Plus on est au service des autres, plus on est libre.

Regardons autours de nous combien nos sociétés doivent encore trouver des chemins vers une justice sociale plus répandue, vers un développent économique inclusif ! Combien l’âme humaine fait des expériences de la vie et tente de récupérer l’espérance ! Dans ces domaines d’action, les hommes et les femmes inspirés par les valeurs de leur propre tradition religieuse, peuvent offrir une contribution importante, même irremplaçable. C’est là aussi un terrain particulièrement fécond pour le dialogue interreligieux.
  
« On ne peut dialoguer sans identité, ce serait un dialogue fantôme, il ne servirait à rien », a dit le patriarche Bartholomée. Chacun est fidèle à sa propre identité. C’est du relativisme.

 Chacun de nous offre le témoignage de son propre interdit à l’autre dans le dialogue avec l’autre. Le plus important, c’est de marcher ensemble sans trahir son identité, sans la masquer, sans hypocrisie. Il ne peut pas y avoir deux équipes : les Orthodoxes contre le reste !


Chers amis,

Il faut maintenir et développer la tradition des bonnes relations entre communautés religieuses qui existent ici en Aquitaine, de manière à se sentir unis dans le service de notre chère patrie. Continuons à être les témoins de la possibilité de relations cordiales et de collaborations fécondes entre des hommes de religions différentes.

Dans un monde déchiré par la violence, bâtir la paix est devenue un devoir impérieux. La Déclaration de Barcelone de mai 1995 est une déclaration solennelle de tous les participants qui condamnent unanimement la violence où qu'elle se produise et, en particulier,  lorsqu’elle est perpétrée au nom de la religion.

Et si l’incarnation s’offrait comme une interpellation, une question offerte à la liberté de chaque conscience : Dieu est-il vraiment Dieu, et non pas un absolu abstrait et dangereux, lorsqu’il laisse à l’homme le temps et la liberté de répondre et d’échanger avec les autres sur la qualité de cette réponse ?  Il faut pour cela des religions paisibles et honnêtes qui ne parlent  pas  plus vite que Dieu. Il faut pour cela des conditions économiques, sociales et politiques qui donnent aux hommes la liberté de penser sans contrainte. C’est la tâche conjointe des instances politiques et religieuses, dans l’autonomie de leurs démarches.

 Père Théodore