Le pape François, ouvrant le
synode, n’a pas utilisé au hasard le mot « parrhesia », notion
grecque qui se traduit par « liberté de parler » ; c'est-à-dire
le « franc-parler » très évangélique. Ce terme revient à plusieurs
reprises dans le Nouveau Testament, et surtout chez saint Jean. C’est le droit
qu’à chacun de tout dire, un droit reconnu au citoyen dans une démocratie,
« une forme d’étique de la liberté », comme disait Socrate.
Dans les Évangélistes, « parrheria »
signifie, en outre, la capacité à prendre la parole publiquement, comme un acte
de courage ou de foi.
Au cours du synode, les évêques
ne risquent rien à « parler vrai » en public et à s’expliquer ;
au contraire, les responsables deviennent inaudibles à force de cacher toute
critique ou austérité dans leur discours. Il peut arriver en effet que l’Eglise
s’habitue à un langage feutré et à un mode de communication souvent inodore.
Par peur de mettre à jour les
divergences internes, de nuire à une volonté de « communion »
comprise comme uniformité, les Eglises sont passées maître dans la langue de
bois ou « langue de buis », et sont devenues incompréhensibles pour
qui n’a pas les clés pour les décrypter.
C'est là l’une des grandes
critiques que l’on puisse faire à la communication ecclésiale, de même qu’à celle
de nombreuses institutions politiques, sociales ou syndicales.
Le pape François, me semble-t-il,
fait bien de « replonger » les Eglises d’aujourd’hui dans ce parler vrai
qui appelle à un renouveau jaillissant des racines profondes de notre foi en
Christ.
En parrhesia,
Père Théodore