vendredi 3 février 2012

"Mondialisation et religion dans la cité": Troisième Conférence Interreligieuse à Bordeaux




Les sociologues remarquent que la mondialisation apporte une facilité de plus en plus grande pour voyager et communiquer. Les personnes et les idées venant de divers lieux se rencontrent, en même temps cela favorise ce que Jacques Attali appelle le « nomadisme ». Comment vivre en communauté cette rapidité des communications, de l’information, des langues différentes, déplacement, territorialité, politique, etc. Ensuite, l’immigration est un des problèmes les plus importants à résoudre pour les pays riches. Qui peut venir ? Qui sera exclu ?



Dans le domaine de la religion, la mondialisation a des implications significatives. Il est impossible de regarder le monde actuel sans reconnaître la place importante qu’y occupent les religions. S’il est exact que dans un grand nombre de conflits sur la planète le facteur religieux est présent, il n’en est pas moins vrai que, dans une vision libérale ou éclairée, l’homme peut, et même doit, vivre de sorte que sa religion ne sorte pas de la sphère privée.
 
La sécularisation elle-même peut revêtir un aspect religieux dont il ne faut pas oublier qu’il a deux faces. Le côté positif est que la religion institutionnalisée – l’Eglise – ne peut plus exercer une emprise qui ne lui appartient pas sur les affaires de la cité. Selon une juste compréhension de la notion de laïcité, idée voisine de celle de sécularisation, aucune religion ne peut exercer sur la société une influence qui ne relève pas de sa compétence. Mais le danger de la sécularisation est de marginaliser la religion au point de lui faire perdre sa voix prophétique et son rayonnement. Le risque est grand de faire de la laïcité , qui a certes bien des qualités ,une sorte de religion qui n’en a pas le nom. En revanche, on doit plaider pour une laïcité capable d’intégrer positivement les apports sociaux, culturels et éthiques des religions dans des sociétés d’individus en quête de repères et de motivations. Il n’y a donc pas lieu d’enfermer la religion dans un cocon. Elle doit vivre dans la cité avec pour objectif de lui apporter sa lumière, vivre en paix avec tous les hommes, mais aussi œuvrer à l’ accomplissement de toutes les vocations légitimes.

 
Cela dit la religion doit figurer dans le combat spirituel des enfants de Dieu. La ville peut être un lieu de séduction où la terre entière, remplie d’admiration, a suivi la Bête. Notre tâche aujourd’hui est d’œuvrer pour le passage de la cité terrestre à la cité de Dieu. Notre tâche est de lutter contre l’injustice qui sépare les riches des pauvres, les puissants des démunis.
 
Notre tâche est d’adopter la culture de la non-violence et de respect de la vie.


D’adopter la culture de la solidarité, de la complémentarité et d’un système économique impartial.

 
D’adopter la culture de la tolérance, de la coexistence et des principes d’honnêteté et de loyauté.
 
D’adopter la culture de l’égalité des droits et des obligations entre adeptes des différentes religions.


Ces lignes directrices traduisent une double transition intellectuelle dans le cadre des valeurs morales.
 
D’une part, elles présentent une vision éthique procédant d’un processus d’échange
endogène , de sorte que les adeptes des différentes religions retrouvent leur identité religieuse, au sens large du terme, au sein de leurs communautés respectives, au lieu de les chercher à l’extérieur ou de s’engager dans des conflits avec ces composantes. D’autant que dans le monde actuel, où tous les éléments sont interdépendants, l’individu qui adopte une religion doit respecter les autres religions et rester ouvert à leurs doctrines.


D’autre part, ces lignes directrices constituent une transition centrale sur le plan moral qui
cesse d’être concerné par les responsabilités morales des membres d’une communauté spécifique pour devenir universel et concerné par les responsabilités morales des différentes communautés, cultures et religions.
  
En fait, nous savons qu’il n’appartient pas aux religions de résoudre les problèmes
environnementaux, politiques et sociaux de notre planète et de notre cité. Par contre, me semble-t-il, elles peuvent offrir ce que les plans économiques, politiques, les lois et les législations ne peuvent donner, à savoir : un changement des orientations personnelles dans les mentalités et dans le cœur des gens. Elles peuvent intervenir pour corriger les déviations et fournir une nouvelle manière de vivre. L’humanité a grandement besoin d’un renouveau spirituel auquel devront contribuer toutes les énergies et compétences spirituelles religieuses. Ceci permettra de consolider l’assise morale de l’entente tout en mettant en place les critères appropriés pour assurer la communion de l’individu avec lui-même, avec son Créateur et avec sa communauté, tout en constituant un abri pour son esprit. Ce faisant, les valeurs, les lieux saints, les fêtes religieuses et leurs rites respectifs retrouveront le respect qu’ils méritent.


 Il n’y a pas de lieu sur terre qui ne se prévale de sa religion. Les religions ont marqué les
civilisations et les cultures. Le vide spirituel a pour effet d’ébranler les valeurs spirituelles, mais aussi de favoriser le radicalisme et les régimes despotiques. Les religions contribuent en outre à restreindre le matérialisme aveugle et l’égocentrisme irréfléchi. L’adoption d’une telle vision permettra de relever les défis de la mondialisation grâce à la mobilisation des volontés qui assurera la liberté de l’être humain, la protection de son identité et son accomplissement à travers la créativité, la distinction et la divergence.


 
Pour conclure, je veux remercier les Eglises locales qui m’ont accueilli à bras ouverts, et ont aidé ma Religion et ma Paroisse. Je veux remercier M. le Maire ainsi que ses collaborateurs qui ont su, grâce à un travail constant, nous aider à vivre ensemble, à nous connaître et nous reconnaître,et, finalement à nous respecter et nous aimer.

Père Théodore