vendredi 3 février 2012

"Les religions se parlent" (article du Sud Ouest: 03/02/2012)

Hier soir, se tenait la troisième conférence interreligieuse et citoyenne.

Les représentants des différents cultes ont parlé religion et mondialisation.

Les représentants des différents cultes ont parlé religion et mondialisation. (photos quentin salinier)

 

L'Athénée municipal était plein à craquer, hier soir, à 18 h 30. Des Bordelais avaient fait le déplacement en nombre afin d'assister à la troisième conférence interreligieuse organisée par la mairie. Trois cents personnes, et de tous les âges. Thème retenu cette année ? Un sujet sensible. Celui des rapports des religions avec la mondialisation.
Le maire, Alain Juppé, présidait cette réunion. Au pied de l'estrade, l'attendaient les représentants religieux. Quelques mains serrées, quelques accolades, avant de laisser la place aux discussions. En maître de cérémonie, Ludovic Martinez, directeur de cabinet du maire, a entamé le débat en parlant du printemps arabe, évoquant tout de même au passage l'actualité bordelaise puisque « les catholiques vendent un terrain à des musulmans ». Une autre illustration du dialogue des religions.

Alain Juppé a ensuite pris la parole. « Je suis attaché aux principes de laïcité. Il existe une distinction claire entre deux ordres : le temporel (politique) et le spirituel (religieux). Et ils ne doivent pas interférer car la politique, c'est aussi la liberté d'opinion. Nous avons donc besoin d'échanger et les responsables religieux de la ville doivent apporter leurs éclairages », a-t-il rappelé afin de justifier la nécessité de ces rencontres annuelles. Avant d'ajouter : « La mondialisation inquiète car les extrémistes brouillent la compréhension. Mais je suis ici comme témoin et pas comme un acteur ». 

L'intégrisme en question

Mgr Ricard a résumé la position des catholiques sur le rapport des religions avec la mondialisation. « On peut la vivre soit comme une chance, soit comme un danger. Ou bien on accepte de se livrer et de s'enrichir, où alors, on se referme dans sa conception religieuse et son idéologie et on se met une carapace », a-t-il expliqué. D'après lui, l'intégrisme et le fondamentalisme ne sont pas des échecs mais des phénomènes de société. « Des maladies qu'il faut soigner », selon son expression.
Du côté des bouddhistes, la mondialisation est « bipolaire ». « C'est quelque chose de très positif et aussi la boîte de Pandore avec les inégalités et cela mène à des dérapages », a noté leur représentante Françoise Cartau. Quant aux protestants, leur représentant encourage une « volonté de coopération et de non-concurrence ».
Le rabbin Moïse Taïeb envisage pour sa part la mondialisation comme une chance et une possibilité d'ouverture au monde, faisant des allusions à des textes bibliques de la Torah. « L'essentiel est de pas avoir peur de l'autre et de ce qu'il peut représenter dans le but de créer une société qui vise à l'harmonie humaine. Il faut aimer son lointain. »
Le père Papanicolaou, de l'église orthodoxe grecque, a souligné la place très importante des religions dans un grand nombre de conflits, ainsi que sur la question de la crise en Grèce.
Le représentant des musulmans, l'iman bordelais Tareq Oubrou a évoqué la question du temps : « Celui des religions n'est pas celui de la civilisation et de la politique. Les grandes religions continueront à traverser le temps des civilisations ».
Un peu à la façon d'un maître d'école, bien qu'il s'en défende, le maire Alain Juppé a synthétisé cette rencontre. Avant de prendre sa casquette de ministre pour conclure sur la révolution arabe : « Il ne fallait pas abandonner ces pays qui vivaient sous l'autoritarisme ».

Par Caroline Campagne, Journal "Sud Ouest"

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