dimanche 27 novembre 2011

IV. Les activités de l'église orthodoxe grecque de Bordeaux

IV.1.Les offices et les sacrements religieux


Le premier rôle de l’église, c’est la vie sacramentale : baptême, mariage, enterrement, liturgie, confession. La préparation des sacrements était inexistante. Un grand obstacle existait surtout au départ : la barrière de la langue. Jusque là, les prêtres célébraient tous et exclusivement en grec byzantin. Mais la réalité était autre : pour la deuxième génération de Grecs, ainsi que pour les familles issues de mariages mixtes, la langue grecque commençait à se perdre, voire à être incomprise. Aussi il fut nécessaire de s’adapter à la situation en introduisant le français dans les offices liturgiques.
Tous les dimanches, l'assistance compte en moyenne une cinquantaine de fidèles ; mais lors de grandes célébrations, en particulier à Pâques, la chapelle est trop petite pour contenir toute l’assistance. Une idée a été lancée d’agrandir sa façade Est, mais est restée au stade de projet, car elle comporte des risques : la dissymétrie qui pourrait dénaturer et briser l’harmonie originelle de l’édifice religieux.
Les Grecs de la Diaspora, malgré leur déracinement, perpétuent les traditions millénaires de l’église orthodoxe jusque dans leur foyer.


 
(une famille chypriote fêtant le Nouvel An orthodoxe grec à Bordeaux)

IV.2.La vie associative et les manifestations culturelles


L’organigramme de l’Association cultuelle grecque de Bordeaux est composée d’un un président (dans l’ordre chronologique : M. K. Galandis, M. J. Stavrianakos, M. Jean Polidès, M. Edouard Cagi-nicolau, Mme Angelica Bechlivanis, présidente actuellement en fonction), d’un vice-président, d’un trésorier, de secrétaires et de conseillers.
 
(Conseil paroissial de 2001 : de gauche à droite : Fotini Tsirigotis-Galet ; Michèle Tsalavoutas ; Emmanuel Kokonis (vice-président) ; Edouard Cagi-nicolaou (président) ; Père Théodore Papanicolaou ; Giorgos Tatas ; Nicolas Papaléonidas ; Sophie Gouyette-Tatas ; Jean Nicolaou)

En 1998, après l’aval des membres du conseil paroissial, l’Association grecque Saint Nicolas se scinda en deux : d’un côté, l' « Association cultuelle », dédiée principalement aux affaires de l’église grecque de Bordeaux ; de l’autre, l' « Association culturelle », chargée des manifestations culturelles relatives à l’hellénisme (conférences, concerts et danses traditionnelles, apprentissage culinaire, etc.). Il s’agit moins d’une séparation que d’une répartition plus cohérente des tâches, les deux associations travaillant toujours en étroite collaboration pour servir les idéaux de la Grèce et de l'Orthodoxie byzantine.
C’est le cas notamment pour l’organisation de la fête nationale grecque qui a lieu tous les ans le 25 mars, au Haillan ou à Bruges, sous l’égide du consulat grec de Bordeaux et de son consul, M. Takis Corfias (actuellement en fonction).
 
(à gauche, le père Théodore Papanicolaou ; à droite, M. Emmanuel Corfias, ancien Consul de Grèce à Bordeaux, lors de la fête nationale grecque du 25 mars 1975, à l’école Saint Genès)

 Cette grande manifestation réunit presque 600 personnes, des Grecs comme des Philhellènes de toute la région bordelaise, assistant à des spectacles et des festivités très appréciées auxquelles participent les deux Associations, les groupes philhellènes (l’Amicale « Philia » et la chorale du Haillan), par le passé les élèves de l’école élémentaire grecque. Jusqu’à très récemment, des groupes de danses folkloriques et des chorales venaient chaque année en provenance de Grèce (Trikala, Kalambaka, Psara) pour animer cet événement et la transcender par leur présence.  
Des excursions sont organisées par l’Association cultuelle, pour visiter Lourdes et d’autres lieux de culte, comme le monastère de la Transfiguration, à Terrasson, ou par le passé, l’église orthodoxe russe de Biarritz. Elles permettent de vivre pleinement la signification du mot « communauté » et de prolonger, dans un esprit fraternel, la réflexion théologique sur l’orthodoxie au-delà des murs de l’église grecque de Bordeaux.


IV.3.L’enseignement du Grec Moderne et le catéchisme orthodoxe


A travers l’action du recteur de l’église orthodoxe de Bordeaux, le grec moderne et l’enseignement catéchistique connut un essor significatif dans la région bordelaise. En effet, le père Théodore suivit des études théologiques au Grand Séminaire Catholique de Bordeaux. En 1985, il soutint le doctorat de l'Université sur « les idées pédagogiques de Katartzis », puis en 1993, le doctorat d'état à l’INALCO de Paris, ayant comme sujet « le personnage du prêtre dans la littérature néo-hellénique des XIXe et XXe siècles ». Fort de son cursus universitaire, il développa l'enseignement du grec moderne dans l’agglomération bordelaise, aussi bien pour l’usage des enfants que pour les adultes. Après avoir rassemblé un nombre d’élèves suffisant pour constituer une classe de grec moderne, les sœurs de « l'Institution de notre Dame » lui prêtèrent un local en 1980 ; ainsi sur un rythme bihebdomadaire (le mercredi et le samedi après midi), les élèves purent apprendre la langue et la civilisation grecques, et suivre parallèlement l’enseignement du catéchisme orthodoxe. Il occupa ensuite la place vacante de lecteur du grec moderne à l'Université Bordeaux III, en collaborant avec M. Tonnet. Il exerça sa fonction pendant dix-sept ans et la section de grec moderne connut une augmentation significative d’élèves.
Par la suite, il diffusa le grec moderne dans d’autres institutions, comme l'IUFM, ainsi que dans plus de vingt-quatre établissements scolaires de tous niveaux, profitant de l’occasion pour les jumeler avec des écoles et des universités de Grèce. C’est ainsi que, tous les ans, en moyenne 30 à 35 étudiants grecs viennent faire leur master ou leur doctorat dans les universités bordelaises.
 La propagation du grec moderne s’est poursuivie de même dans les milieux associatifs : la maison de l'Europe, l’école philomatique, le centre culturel du Haillan, de Martignas, de Camblanes, de Langoiran. Bordeaux est, sans aucun doute, l’une des villes les plus « hellénophones » de France.  

IV.4.Le dialogue œcuménique


Le débat œcuménique a considérablement évolué ces dernières décennies à Bordeaux, et le sujet est ancré définitivement dans les mœurs, même si certains membres du clergé catholique restent encore sceptiques sur la question. Le regard envers l'église orthodoxe grecque de Bordeaux, en tout cas, a énormément changé, et notre paroisse trouve désormais sa place aux côtés des autres confessions.
Dans la pratique, l’œcuménisme se manifeste par les célébrations interchrétiennes (lectures de vêpres, matines, multiplication des pains) qui ont lieu fréquemment à la Cathédrale de Bordeaux et qui permettent, outre un échange réciproque des particularités du culte propre à chacun, de montrer aux frères chrétiens la richesse de l’orthodoxie qui était méconnue en Occident.
 
(célébration œcuménique de la fête de l’épiphanie dans l’église catholique du Cap-Ferret ; janvier 2008)

Un groupe de paroissiens est chargé des relations œcuméniques et représente l’église orthodoxe dans toutes les manifestations qui se tiennent dans la région bordelaise, en dévouant leur temps à cette cause importante.
Depuis plusieurs années, l’œcuménisme est encadré politiquement à l’initiative et aux efforts entrepris par le maire de Bordeaux, M. Alain Juppé et ses collaborateurs, de convoquer, sur une base régulière, des réunions de travail en présence de tous les responsables religieux de la municipalité (catholique, orthodoxe, protestant, juif, musulman, bouddhiste). Leur but est d’instaurer un climat de confiance et de compréhension mutuelles visant à réduire significativement à terme toutes formes de discriminations sociales et de tensions interreligieuses.
L’œcuménisme, en tant que phénomène socio-religieux d’actualité, suscite l’intérêt constant des médias. L’église et la communauté grecque font souvent l’objet d’articles dans les journaux locaux (Le Sud Ouest et Le Courrier), de communications radiophoniques et de reportages télévisés (France 3 et TV7), pour lesquels on demande souvent au Père Théodore d’intervenir aux côtés des représentants d’autres confessions, comme Mgr. Ricard, l'Archevêque catholique de Bordeaux. Depuis septembre 2010, le père Théodore intervient hebdomadairement dans une émission de la Radio Catholique de France-Bordeaux (RCF), pour donner son humeur sur l'actualité religieuse du point de vue de l’orthodoxie grecque. Les séminaires catholiques de Bordeaux et de Bayonne l’invitent systématiquement pour parler de différents sujets, et récemment, il a donné une conférence sur « les repères historiques de l’orthodoxie », à l’Université du « Troisième Âge ». Il est intéressant de noter aussi que, depuis quelques années, des étudiants et des jeunes chercheurs de sciences politiques et en anthropologie ont pris comme sujet de mémoire l’église orthodoxe grecque de Bordeaux, intéressés par le microcosme communautaire qu’elle constitue et son interaction socio-politique au sein de la ville de Bordeaux.