dimanche 27 novembre 2011

II.La fondation de l'église orthodoxe grecque de Bordeaux (1955-56)

 II.1.Les circonstances de sa naissance 

 Sous la pression de la communauté grecque grandissante, le projet de la paroisse hellénique d’acquérir sa propre église à Bordeaux ne relevait plus de l’idée, mais de la nécessité. Il fallut trouver des moyens économiques et matériels importants pour concrétiser ce projet.
C’est ainsi que les Grecs sollicitèrent, sans répit, l’aide de Mgr Mélétios, qui n’était pas encore archevêque de France, mais évêque de Reggio, depuis 1953. Mais la tâche était ardue, car, au niveau national, la majorité des Paroisses grecques installées en France étaient dépourvues d’église. Mgr Mélétios se rendit alors à Nice et demanda de l’aide aux familles fortunées, afin que des lieux de culte puissent être construits dans les paroisses françaises qui n’en possédaient pas.
Dans un premier temps, il n'osa pas s’adresser directement à M. Panayiotis Pétalas, un riche armateur et ancien ministre grec de l'économie, installé en France. Après un échange téléphonique, ils finirent tous deux par se rencontrer. Mgr Mélétios lui confia ses projets et lui indiqua que la paroisse grecque de Bordeaux désespérait d’avoir son propre lieu de culte. Après des négociations, ils se mirent d’accord pour mener à bien ensemble cet ouvrage.

II.2.La construction de l’édifice :


M. Pétalas prit rapidement contact avec les responsables locaux et notamment trois familles grecques influentes à Bordeaux (Théodoridès, Polidès, Galandis et Corfias) qui entretenaient parallèlement d’excellentes relations avec Mgr Mélétios.

 (A gauche, Emmanuel Corfias, Ancien Consul de Grèce à Bordeaux ; au centre, M. Nicolas Théodoridès ; à droite, Kyriakos Galandis, président de l’Association cultuelle)

 Il leur conseilla de se charger tout d’abord de trouver un emplacement en vente pour y construire une église. En 1955, la communauté grecque fit l’acquisition du terrain situé au 278 Rue du Jardin Public, choisi en tenant compte de la proximité des familles grecques avoisinantes. M. Pétalas, le principal donateur et l’édificateur du futur sanctuaire, finança, avec les fonds mis en réserve de la paroisse, l’achat du terrain et signa les actes notariaux le 28 novembre 1955. De son côté, Mgr Mélétios fit venir de Paris un ami architecte qui conçut les plans d’une chapelle orthodoxe, ainsi que d’un petit presbytère au fond du terrain. La construction de la murette cruciforme de couleur bleu et blanche, qui fait office de clôture pour délimiter et protéger l’édifice, intervint que plus tard.
Le chantier de construction de l’église démarra en 1956 et dura plusieurs mois. L’année suivante eut lieu l'inauguration en présence de Mgr Mélétios, de M. Pétalas et de sa famille, du père Panayotis (diacre puis Vicaire Général de la Métropole Grecque) et son épouse (la nièce de Mgr. Mélétios), ainsi que toute la paroisse orthodoxe de Bordeaux.

(photographie d’une des premières liturgies à l’église orthodoxe grecque de Bordeaux)

L’église fut consacrée à « la Présentation de la Sainte Vierge au temple » (« τα Εισόδια της Παναγίας Θεοτόκου »), d’après le prénom de son édificateur et donateur «  Panayotis », qui signifie en grec « dédié à la toute sainte Marie, mère de Dieu ». Depuis 1994, sa dépouille repose désormais derrière le sanctuaire.

(tombe de l’édificateur de l’église orthodoxe grecque de Bordeaux, M. Panayiotis Petalas)


II.3.Descriptif de l’intérieur et de l’extérieur de l’église  


L’église orthodoxe grecque de Bordeaux est de type basilique et fut conçu sur le modèle des chapelles de la Mer Egée. A l'origine peinte d'une couleur rose saumon, les murs de l'enceinte sont aujourd'hui recouverts d'un blanc "ton pierre". 

(vue de la façade nord de l’église, avec sa couleur d’origine, en 2006)
  
(vue de la façade nord de l’église, repeinte couleur blanche « ton pierre », en 2008)
 (vue de la façade nord et du clocher de l’église)

Elle est surmontée d’un clocher sur son flanc ouest. De récents travaux de rénovation à cet endroit ont révélé que sa cloche, d’origine toulousaine, date du début de l’époque napoléonienne.

(vue du clocher de l’église et de sa cloche du début du XIXe siècle

(vue de la façade sud de l’église)

A l'intérieur, les principaux éléments qui constituent le sanctuaire sont :

(au fond, l’iconostase en bois équestre, composée de quatre grandes icônes)

(derrière l’iconostase, le saint autel)

(au fond, à gauche, la sacristie avec un tableau de la dormition de la « Théotokos »)

(au fond, à droite, le pupitre où chante la chorale, le linceul encadré à gauche de l’image, les livres liturgiques)

(à droite, au milieu du sanctuaire, le trône épiscopal)

Chose rare pour les églises orthodoxes, des vitraux byzantins représentant les saints servent de fenêtres lumineuses.

(sur l’image : à gauche, le bougeoir byzantin ; vitraux représentants au milieu, Sainte Marina et à droite, Saint Pantéléimon)

Le sol est presque entièrement recouvert de mosaïques, et au centre de l’église est dessiné un aigle bicéphale, symbole par excellence l’église byzantine. 

 
(mosaïque représentant l’aigle bicéphale)


L’essentiel des objets qui décorent le sanctuaire et servent au culte religieux proviennent de donations et sont venus complétés au fil des années le riche inventaire que possède désormais l’église (« pagari », fonds baptismaux, saint-autel, habits sacerdotaux, icônes, chaises, bougeoir, livres liturgiques, etc.).