jeudi 19 mai 2011

Les affrontements interreligieux au Caire

                                                          
Samedi 7 mai, des affrontements entre musulmans et chrétiens ont fait douze morts parmi les civils au Caire. Des échauffourées ont repris le lendemain en dépit du couvre-feu décrété par l'armée et des déclarations du ministre de la justice selon lesquelles les autorités frapperaient "d'une main de fer tous ceux qui cherchent à nuire à la sécurité de la nation". Depuis des mois, l'Egypte connaît une escalade des tensions interconfessionnelles, alimentée par des polémiques autour du souhait des femmes coptes à se convertir à l'islam, mais qui essuierait un refus systématique de la part de l’Eglise. Cette dernière dément formellement une telle accusation. Les coptes s'estiment ainsi discriminés et marginalisés de plus en plus dans une société en grande majorité musulmane sunnite.

Le Patriarche russe Cyrille Ier a adressé un message de condoléances à son homologue copte Shenouda III pour les victimes des récentes violences, en rappelant que l’on a souvent élevé la voix pour la défense des chrétiens dans les pays où ils sont confrontés au harcèlement et à la violation de leurs droits fondamentaux à la vie et à la liberté religieuse. La montée incessante des violences contre les communautés chrétiennes implantées depuis des siècles dans cette région ne peut susciter qu’une profonde inquiétude. La christianophobie, qui prend la forme d’attentats contre la vie et les droits de nos frères, est devenue une pratique courante. Les organisations internationales, y compris l'ONU et le Parlement européen, ont déjà exprimé leur préoccupation à ce sujet.

Le 25 mai prochain se tiendra d’ailleurs un grand rassemblement œcuménique international pour la paix, organisé par le Conseil Œcuménique des Eglises à Kingston (Jamaïque), ayant comme thème "vaincre la violence", lutter ensemble contre elle et faire naître de nouvelles initiatives dans ce domaine. La paix et le respect induisent un changement radical de cap par rapport à ce qui constitue le mode normal de survie: « la paix exige la conversion (metanoïa), l'engagement et le courage », selon le dire de notre Patriarche Œcuménique.

La paix et la justice sont des thèmes centraux des Ecritures: la paix commence toujours dans le cœur, et l'amour se trouve au cœur de la révélation de Dieu en Jésus Christ : "Heureux ceux qui font œuvre de paix; ils seront appelés fils de Dieu"(Mathieu 5,9). Telle est la paix que notre Seigneur ressuscité a offert à ses disciples et telle est son espérance pour tous ses enfants, cette paix "qui surpasse toute intelligence" (Philippe 4,7).

Père Théodore